Allocution du Président Obama à South by Southwest

15 mars 2016 | Mark Harrison, président et chef de la direction, T1

Mark Harrison
Mark Harrison

J’ai été très heureux quand j’ai appris que le Président Obama présenterait le discours d’ouverture de l’événement South by Southwest Interactive. En fait, je flottais littéralement.

J’avais peine à croire à ma chance. Par ailleurs, j’étais très impressionné que les organisateurs aient réussi à attirer comme conférenciers non seulement le Président des États-Unis, mais aussi la Première Dame lors de South by Southwest Music.

Dans une carrière en affaires, combien de fois a-t-on l’occasion d’entendre un président des États-Unis en exercice? J’ai donc rempli avec enthousiasme le formulaire d’inscription à l’événement. Il était évident que la demande dépasserait le nombre de places disponibles, mais j’étais persuadé d’obtenir la mienne (Avez-vous vu ma photo sur Lindedin?) jusqu’à ce que je reçoive à minuit, la veille de l’événement, le courriel m’avisant sur un ton particulièrement sec que je n’avais pas été sélectionné. Le courriel était bref et plus austère qu’un avis de refus de soumission… Pas de salutation cordiale dans la ligne « Objet », pas de « Cher participant ». Non, cette ligne m’avisait que je n’avais pas été retenu. Et tac! J’étais déjà légèrement excédé d’être retenu à l’aéroport de Houston à minuit à cause du retard de mon vol en partance de Toronto. Disons que cette note n’a pas amélioré mon humeur. Le lendemain, je me suis précipité au site de la conférence deux heures en avance et me suis résolu à m’inscrire sur la liste d’attente. Enfin, ma confiance et le fait d’avoir surmonté mon allergie naturelle aux files d’attente, quelles qu’elles soient, ont été récompensés : j’ai finalement pu assister au discours du Président. Même si j’étais littéralement assis dans la dernière rangée de l’amphithéâtre, j’ai pu non seulement entendre, mais aussi apprécier son message.

Et quel message c’était! Permettez-moi de vous en parler.

Le Président Obama a expliqué pourquoi il avait accepté de présenter cette conférence à South by Southwest Interactive. Son message a été à la fois brillant de simplicité et nuancé avec finesse.

En surface, le Président Obama est le président numérique. Ses campagnes ont été les premières à exploiter le plein potentiel des médias numériques et des réseaux sociaux pour créer un mouvement populaire. Il a refusé très publiquement de renoncer à son Blackberry après son élection. Il a engagé une véritable escouade de spécialistes du numérique pour corriger la situation lorsque le site Web de son assurance-santé a connu des ratés embarrassants. Il a demandé aux chefs de file technologiques aux États-Unis de contribuer à la lutte contre le terrorisme mondial. C’est logique. De ce point de vue, participer à l’événement qui redéfinit chaque année ce qui constitue la fine pointe de la technologie est plein de bon sens. Existe-t-il un meilleur endroit pour recruter de nouveaux talents pour le Secrétariat de la Défense?

Certes… mais il y a plus.

Ce président Obama en fin de mandat a appris beaucoup sur la réalité de tenter de faire avancer les choses en dépit des obstacles bureaucratiques et des grenouillages politiques du gouvernement. Il a appris que cette machine peut tuer une idée toute simple. Il a appris qu’un grand projet comme le ObamaCare peut être étouffé par un service des approvisionnements plus habitué à l’achat de crayons et de bottes d’armée qu’à la création d’une infrastructure de TI sophistiquée. Il a aussi appris que les gens aiment détester le gouvernement. Une attente de deux heures pour renouveler son permis de conduire déclenchera, régulièrement et avec raison, une salve de commentaires dans les médias sociaux capables d’enflammer un arbre de 25 mètres de hauteur… alors qu’une ballade sans histoire sur une autoroute nationale pendant des vacances familiales n’entraînera même pas un coup de klaxon approbateur. C’est bien connu que les consommateurs se manifestent lorsque les choses vont mal. Chacun de nous vit de telles situations tous les jours dans notre vie professionnelle. Or, pour un gouvernement de l’ampleur de celui des États-Unis, le problème est beaucoup plus complexe.

Et c’est là que le président Obama m’a fait réfléchir.

Son message officiel était qu’il veut aider le gouvernement à résoudre les problèmes auxquels il fait face. Son message était intemporel. Il a insisté qu’en dépit du fait qu’il quittera son poste dans un an, aider les États-Unis à devenir un meilleur pays restera sa mission personnelle. En fait, il a mis les gens, les entreprises, les critiques et les médias au défi de comprendre de façon plus complète et plus approfondie les problèmes auxquels le gouvernement est confronté. Cette compréhension améliorée et cette empathie plus profonde, disait-il, augmenteront le désir de faire partie de la solution.

Si je pense à la façon dont il a expliqué la situation, je crois qu’il peut avoir raison. Ses arguments m’ont fait réaliser à quel point il est facile de critiquer.

Ceux-ci étaient tous simples. Tous les gouvernements sont aux prises avec les problèmes les plus difficiles de la société. Les gens détestent les gouvernements, mais comparons les problèmes que chacun doit résoudre. Les entreprises peuvent détester les gouvernements elles aussi, mais comparons encore une fois leurs problèmes respectifs.

Une entreprise peut, par exemple, être préoccupée par la façon de livrer le meilleur Café Latte aux gens. Chaque personne peut s’inquiéter de savoir si la mousse de son café sera parfaite. Pendant ce temps, le gouvernement doit s’assurer que les enfants aient de quoi manger avant d’aller à l’école. Autre exemple : une ligne aérienne peut vouloir offrir les meilleurs vols et le meilleur service en direction de Cancun. L’individu, lui recherche le meilleur prix pour cette destination. Pendant ce temps, le gouvernement cherche le moyen d’aider les vétérans à surmonter leur syndrome post-traumatique et à éviter qu’ils ne veulent se suicider. Une entreprise peut s’inquiéter de sa campagne de marketing. Une personne peut craindre une réunion avec son patron. Le gouvernement, lui, doit s’assurer qu’aucun terroriste ne puisse faire sauter un édifice comme celui où nous assistions à l’ouverture de South by Southwest.

En repensant au discours du Président deux jours plus tard, je me suis remémoré la phrase célèbre de John F. Kennedy : « Ask not what your country can do for you, but what you can do for your country ». Dans le fond, c’est que disait le Président Obama au monde de la technologie. J’ai compris. Cela m’a peut être pris deux jours, mais j’ai compris.

Or, ce message peut s’appliquer aussi bien au Canada, et à chacune de nos entreprises. Quelle que soit notre allégeance politique, notre nouveau Premier ministre est déterminé à vendre le Canada au reste du monde. Suis-je d’accord avec chacune de ses décisions politiques? Vous? Là n’est pas la question. La question, c’est que nous avons tous en tant que leaders la responsabilité de faire du Canada le meilleur pays où vivre. Entreprises, annonceurs, organismes sans but lucratif, agences, chercheurs… nous avons collectivement un pouvoir énorme. Nous l’exerçons en créant des millions d’emplois, en assurant la disponibilité et la distribution des produits, des services et de l’information. Nous l’exerçons par la bande, grâce au pouvoir d’achat de notre chaîne d’approvisionnement, par l’influence exponentielle des gens qu’elle emploie, par nos investissements, par la redistribution de la richesse, par le contrôle que nous exerçons sur les médias, sur les échanges numériques et dans nos conversations au bar du coin.

Certes, les profits sont importants, voire essentiels. De toute évidence, ils sont très agréables. Or, si notre pays n’est pas sécuritaire, durable et prospère, on ne peut légalement ni moralement envisager ces profits. Il est un peu ironique que j’aie décidé d’assister à South by Southwest pour découvrir les plus récentes innovations et rapporter à mes clients les idées les plus nouvelles. Je suis certains que mon collègue Graham Lee répondra à vos attentes à cet égard lors de sa conférence. Pour ma part, grâce au Président des États-Unis, j’ai pris conscience que chacun de nous en marketing avons un plus grand rôle à jouer dans la société que de vendre des trucs.